AZALILAND : LES FAITS VS LE DISCOURS.
- GoComores
- 20 mai 2018
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Dernière mise à jour : 21 mai 2018
Malgré leurs efforts, les narrations des communicants de Beitsalam, « émergence 2030 », « un jeune, un emploi », « lutte anti-corruption » sont vécue de plus en plus comme une grossière entourloupe, c’est que le décalage entre le verbe et l’acte se creuse.

Rappelez-vous des ambitions du raïs :
- « Nous engageons le pays vers l’émergence 2030 » et d’ailleurs, on a pu lire ceci dernièrement dans un journal de la place, « Après le référendum, c’est l’autoroute direct vers l’émergence » entonne le Ministre de l’intérieur.
Unanimement les Comoriens, après les élections ont cru à l’engagement de la nouvelle équipe de tout mettre en œuvre pour un réel décollage économique du pays. Sauf que rattraper le retard des Comores en matière de développement n’est possible que dans la préservation de la stabilité politique et sociale retrouvée puis consolidée par Sambi et Ikililou depuis environs une vingtaine d’années. Et la continuation des efforts entrepris par l’équipe en matière d’énergie, d’assainissement des régies financières de l’état, de lutte contre les détournements des biens de l’état, et le renforcement des institutions.
Sauf que, un an et demi plus tard, Azali montre un visage que les Comoriens pensaient révolu, enfoui dans les abysses du passé : le visage du putschiste enclin à la dictature.
- Ayant hérité un pays apaisé, pacifié, avec des conditions optimales pour lancer les chantiers de la reconstruction et entamer les réformes nécessaires pour une économie tournée vers l’avenir, Azali a choisi la voie du chaos, la peur, la défiance, la répression, les privations des droits, bref la déstabilisation du pays :
· Ses communicants expliquent, s’appuyant sur un raisonnement par l’absurde, que l’émergence 2030 ne pourra s’opérer qu’à l’issu d’une période anarchique que les Azalistes qualifient de nécessaire « dictature constitutionnelle ».
· Pour engager le pays dans cette période régressive mais « salvatrice » de dictature, les avocats du pouvoir ont avancé l’argument de l’absence de deux conseillers à la Cour Constitutionnelle. Deux conseillers suffisent pour plonger un pays dans une anarchie « réparatrice » et « obligatoire » selon Azali, à l’issue de laquelle le pays « filera directement vers l’émergence ».
Autant dire que c’est la cerise sur le gâteau, la rhétorique est alambiquée et le raisonnement tortueux. Un peu de recul suffit pour s’apercevoir du gigantesque spectacle monté de toute pièce pour avancer lentement mais surement vers un objectif fixé dès le départ.
De manière objective, le pouvoir en place n’a pas démontré dans les faits, avoir une stratégie mise en route pour atteindre les ambitions affichées. Les quelques mesurettes du début de mandat ayant fait leur effet, les Comoriens attendent encore la suite des grands chantiers pour sortir les jeunes du chômage, attirer des investisseurs, tracer les grandes orientations de la nouvelle économie comorienne.
Au lieu de cela, Azali a préféré se saisir d’une initiative citoyenne pour en détourner les visées et en orienter les recommandations.
Les recommandations de la honte
· Parmi tous les pays qui ont réussi dans notre région, aucun n’a un mandat ayant dépassé 5 ans :
- Le premier ministre mauricien : 5 ans,
Le président république des Seychelles : 4 ans,
Le Sultan des Maldives : 5 ans renouvelables
Le président de la république du Mozambique : 5 ans renouvelables
La proposition de prolonger à 7 ans le mandat actuel n’a pas pris en considération le passé récent de l’archipel marqué par des revendications insulaires liées aux compétences décentralisées et en réaction à l’hégémonie ressentie de la grande île sur les autres. Les recommandations semblent déconnectées de l’analyse de l’histoire du pays.
De fait, l’allongement du mandat à 7 ans renouvelables (14 ans en cas de renouvellement), va sans nul doute raviver les craintes d’une mainmise de telle île, à laquelle échoit la présidence tournante sur les autres pendant une période beaucoup plus longue qu’au paravent.
Si nous ajoutions à cela, l’hyper-centralisation du pouvoir préconisée par les experts, nous aboutissons à un régime pire que celui de feu Ahmed Abdallah et plus autoritaire que celui d’Ali Soilih : les pouvoirs entre un seul homme, une seule île et pour beaucoup plus longtemps. Cela porte un nom, c’est une monarchie.
En somme, l’analyse des quarante ans d’indépendance révèle un manque d’état dans nos régions, un système budgétivore, l’effritement du sentiment national, la généralisation de la corruption. En réponse à cela, les experts ont recommandé 2 ans supplémentaires pour Azali, tous les pouvoirs entre ses mains, moins de décentralisation dans les faits. Tout ce qu’il fallait éviter.
L’autoroute vers l’émergence !
Enfin, à l’approche de la moitié du mandat Azali II, les Comoriens s’aperçoivent que "l’émergence azalienne" est un leurre : seul l’enjeu du référendum « Oui, Non » compte. Car de son issu dépend sa réélection pendant les élections de 2019. Celles-là qui ouvriront la voie à l’autoroute vers l’émergence !
Quelques voix s’élèvent tout doucement pour dire : mais il aurait fallu tout simplement éviter de déstabiliser le pays, avec l’état d’urgence sans urgence, faire voter les conseillers manquants, permettre la réflexion lors d’assises plus apaisées, moins partisanes, plus inclusives, suivre les voies légales et régulières validées par la CC et le parlement pour le référendum. Le pays aurait gagné en maturité démocratique, Azali aurait gagné en respectabilité, en devenant le père de la reconstruction.
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